Le Port Autonome d'Abidjan a déjà fait l'objet d'une Perspectives Portuaires Africaines publiée fin 2022 tant les chantiers de transformation étaient importants pour le port "grand frère" du Golfe de Guinée. Reconnu comme un pilier essentiel du développement socio-économique de la nation ivoirienne, le PAA a reçu une attention toute particulière de la part des pouvoirs publics. Plus de 1000 milliards de CFA ont ainsi été injectés ces dernières années pour accélérer la modernisation d'un outil indispensable à la croissance recouvrée d'une Côte d'Ivoire motrice de l'émergence ouest-africaine. Toutes les filières et toutes les typologies de trafics sont concernées à Abidjan, avec des intérêts privés ivoiriens et internationaux qui se sont mobilisés pour accompagner la transformation de la plupart des terminaux maritimes et portuaires.
Dans le cadre de la dernière livraison des PPA sur les manutentions portuaires conteneurisées, Madame Asta-Rosa CISSE, Directrice Régionale - Burkina Faso & Côte d'Ivoire d'Africa Global Logistics (AGL), a accepté de répondre aux 3 questions du Q&A. Vous retrouvez ici la version complète des aguments apportés par la directrice AGL alors même que le port d'Abidjan enregistre la plus forte croissance de trafics sur les deux dernières années sur la rangée portuaire Dakar/Luanda (2023 et 2024).
Pourquoi Abidjan est-il le port subsaharien avec la plus forte croissance conteneurisée en 2023 ?
En 2023, le port d’Abidjan s’est imposé comme le leader de la croissance conteneurisée en Afrique subsaharienne, avec 1,3 million de conteneurs EVP manutentionnés contre 840.000 en 2022. Cette performance s’explique par plusieurs facteurs clés. La mise en service du deuxième terminal à conteneurs qui a marqué un tournant décisif dans la compétitivité de la plateforme portuaire. Cette nouvelle infrastructure moderne a nécessité un investissement de plus de 260 milliards de FCFA, réalisé par AGL pour sa construction et son équipement. La mise en service en décembre 2022 de ce nouveau terminal a considérablement accru la capacité de traitement des conteneurs du port d’Abidjan. Ajouté à cela, les investissements réalisés depuis 20 ans par Abidjan Terminal, opérateur du premier terminal à conteneurs du port d’Abidjan pour la formation des hommes, la modernisation de ses infrastructures et ses équipements à savoir 8 portiques de quai, 20 RTG, 2 grues mobiles, 50 tracteurs.
Cela a permis de soutenir la croissance continue des volumes.
En outre, la digitalisation des processus de transit sur ce terminal a transformé la chaîne logistique, par l’automatisation et la dématérialisation des étapes, qui ont également réduit significativement les délais de traitement, offrant ainsi une expérience optimisée aux clients.
Enfin, la position géographique stratégique de la Côte d’Ivoire, carrefour naturel en Afrique de l’Ouest, et une économie dynamique en pleine croissance, ont accéléré les performances du port d’Abidjan. Aussi des secteurs clés tels que l’agriculture, l’agro-industrie et la distribution enregistrent une forte expansion, générant un important trafic tant à l’import qu’à l’export. Grâce à ces atouts, le port d’Abidjan s’est affirmé comme un hub logistique de référence pour les grandes compagnies maritimes internationales, devenant un pôle de transbordement privilégié sur la façade ouest-africaine.
Quels sont les principaux défis pour accélérer l'augmentation des manutentions dans le golfe de Guinée ?
La croissance économique entraîne une augmentation des volumes de marchandises. Pour maximiser les retombées sur les économies locales et régionales, la chaîne d’approvisionnement doit jouer un rôle central dans la fluidification des flux commerciaux. Cela passe par la démultiplication d’accès afin de décongestionner les zones portuaires. La création de réseaux d’interconnexion, en privilégiant le transport par rail, embranché aux plateformes portuaires pour faciliter l’évacuation des volumes de marchandises peut être une piste à explorer. Il convient en outre, de développer de nouveaux modes de transports, notamment, le transport fluvial, afin de tirer profit des vastes plans d’eau lagunaires du continent. La construction d’infrastructures logistiques en dehors des zones portuaires, par exemple des ports secs peut également constituer une solution durable aux défis liés à la manutention dans le golfe de Guinée.
La digitalisation des processus doit aussi être une priorité. Automatiser et dématérialiser les étapes du transit permet de réduire les délais, de garantir la traçabilité et d’optimiser les coûts. Cette transformation doit s’accompagner d’une mise en œuvre effective de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAF), qui vise à éliminer les barrières commerciales et à stimuler les échanges intra-africains. Dans ce cadre, l’harmonisation des formalités douanières entre les pays est également cruciale pour offrir un cadre uniforme et efficace aux opérateurs économiques.
Par ailleurs, la sécurité et la sûreté doivent être renforcées sur l’ensemble de la chaîne logistique afin de garantir des opérations fiables et sécurisées. Cela est essentiel non seulement pour attirer des investisseurs et des partenaires commerciaux, mais aussi pour protéger les biens et les personnes. Enfin, le développement des infrastructures portuaires et le renforcement des compétences des équipes sont des leviers clés. Investir dans des terminaux modernes capables de traiter des volumes croissants répond aux attentes des grandes compagnies maritimes. La formation continue des collaborateurs permettra également de maintenir des standards internationaux et d’offrir des prestations de haute qualité.
Énergie, Écologie et Économie : Comment les terminaux à conteneurs du groupe AGL parviennent-ils à concilier ces trois dimensions ?
Conscient des enjeux environnementaux, Africa Global Logistics (AGL) s’est engagé à réduire son empreinte écologique tout en renforçant la compétitivité de ses terminaux. Cet engagement se traduit par le programme de certification Green Terminal, un label exclusif validé par Bureau Veritas. Ce label atteste du respect de normes strictes en matière de réduction des émissions de CO₂, de gestion optimisée des déchets et d’efficacité énergétique, grâce à des audits réguliers sur nos terminaux portuaires.
En Côte d’Ivoire, cet engagement est concrétisé par la labellisation Green Terminal de nos 2 terminaux : Abidjan Terminal certifié une étoile et Côte d’Ivoire Terminal, certifié 3 étoiles. Sur le 2e terminal, cela se traduit concrètement par l’utilisation d’engins de manutentions électriques sur nos terminaux. Nous disposons ainsi, de 36 tracteurs, 6 portiques de quai et 18 portiques de parc, tous électriques. Ces équipements, à la fois silencieux et performants, réduisent significativement nos émissions de gaz à effet de serre tout en offrant une efficacité opérationnelle optimale. AGL intègre également les principes de durabilité dans la conception de ses bâtiments. Plusieurs installations sont désormais certifiées EDGE (Excellence in Design for Greater Efficiencies), une certification internationale garantissant une utilisation responsable des ressources en eau, en énergie et en matériaux.
Ces initiatives permettent non seulement de minimiser l’impact environnemental, mais aussi d’offrir à nos collaborateurs des environnements de travail modernes, confortables et adaptés à leurs besoins. En répondant aux besoins croissants en infrastructures logistiques, AGL aspire à jouer un rôle pionnier dans la transition énergétique et la transformation durable sur le continent africain.
Il est à noter pour conclure qu'une prochaine livraison de la Collection Afrique Atlantique aura comme thème les transitions écologique et énergétique en milieu portuaire subsaharien. L'occasion de retrouver les retours d'expérience du Green Label Terminal d'AGL et comprendre en profondeur comment s'orchestre la transformation programmée d'un modèle d'affaire et d'opération basé historiquement sur l'usage des énergies carbonées.